La Psychologie
La psychologie est, à son origine, une orientation de la philosophie qui, à cette époque, était consacrée à l’âme, ...
L'origine
La psychologie est une discipline articulée en quatre sous disciplines, qui, à partir de pratiques et de méthodes d'investigation diverses, consiste à observer le comportement humain. Mais bon, nous constaterons très vite que rien n'est aussi simple qu'il y parait.
La psychologie est, à son origine, une orientation de la philosophie qui, à cette époque, était consacrée à l’âme. Que ce soit avec Aristote, Platon ou, plus tard, avec Descartes, il est question d'étudier les relations entre le corps et l'esprit.
L'acception "psychologie" semble apparaître, pour la première fois, à la fin du XVème siècle dans un livre écrit par un savant d'Europe de l'Est mais force est de constater que c'est dès l’antiquité, et notamment en Égypte ancienne, que l'on retrouve les premières occurrences d'écrits consacrés aux phénomènes mentaux et aux comportements humains.
Un peu d'histoire
Sur un plan strictement scientifique, l’histoire de la psychologie débute au milieu du XIXème siècle, après les autres sciences naturelles, en tant que branche de la physiologie. Mais déjà, au XVIIIème, la société cherchait à se débarrasser de certains idéaux moraux considérés comme "pré-inscrits" dans l'âme humaine par des tentatives de construire une psychologie, une morale, et somme toute, une philosophie, à partir du plaisir et de la douleur qui seraient à considérer comme les guides essentiels de la survie et de la bonne tenue de l'être humain dans le monde. Et c'est, d'ailleurs, le principe même d'une politique et d'un droit.
Jérémy Bentham, pour ne pas le nommer, entendait construire toute une existence humaine repensée à partir du plaisir et de la douleur. Autrement dit, si les gens font ce que l'on ne veut pas qu'ils fassent, alors convient-il de leur faire mal, alors convient-il qu'on les punisse ! Ce n'est que de cette façon qu'ils pourront suivre la voie du plaisir. Bentham tentait de construire un "maître du plaisir et de la douleur". Il existe donc une loi du plaisir, une loi qui est de régulation et d'homéostase.
Son essence
À la question : " Qu’est-ce que la psychologie ? ", que pouvons-nous répondre ? Pour la psychologie, la question de son essence, voire plus modestement de son concept, met en exergue l’existence même du psychologue. En effet, faute de pouvoir répondre exactement sur ce qu’il est, et le débat actuel sur les récentes décisions politiques concernant la profession ne cessent de le confirmer, il lui est rendu bien difficile de répondre de ce qu’il fait. En fait, si l'on s'intéresse d'un peu plus près à nombre de travaux de psychologie, l'on en perçoit un sentiment qu’il est plutôt question d'un enchevêtrement d'une philosophie sans rigueur, d'une éthique sans exigence et d'une médecine sans contrôle, comme le dirait Georges Canguilhem. Il apparaît donc qu’en demandant " Qu’est-ce que la psychologie ? ", la question ne soit ni futile, ni impertinente et encore moins inutile.
Et donc, avec Canguilhem, nous pouvons postuler que "psychologie" signifie étymologiquement "science de l’âme". Il est remarquable qu’une psychologie indépendante soit absente, en idée et en fait, des systèmes philosophiques de l’antiquité. Et pourtant, à cette période, la psyché, l’âme, est tenue pour un être naturel. Les études relatives à l’âme s’y trouvent partagées entre la métaphysique, la logique et la physique. Par exemple, le traité aristotélicien "De l’âme", qui est en réalité un traité de biologie générale, est un écrit consacré à la physique. L’objet de la physique n'est autre que le corps naturel comme représentant de la vie en puissance, La physique traite de l’âme comme forme du corps vivant, et non comme substance séparée de la matière. Une étude des organes de la connaissance, c’est-à-dire des sens extérieurs, des cinq sens usuels et des sens intérieurs, comme le sens commun, la fantaisie ou encore la mémoire, ne diffère en rien de l’étude des organes de la respiration ou de la digestion.
L’âme est un objet naturel d’étude, une forme parmi les formes, même si sa fonction essentielle est la connaissance des formes. La science de l’âme est issue de la "physiologie" en son sens originaire et universel de théorie de la nature.
Une conception antique
C’est donc à cette conception antique que remonte, directement, un aspect de la psychologie moderne, la psychophysiologie, considérée longtemps comme psychoneurologie exclusivement, et la psychopathologie comme discipline médicale.
Sous ce prisme, il ne parait pas superflu de rappeler qu’avant les deux révolutions qui ont permis l’essor de la physiologie moderne, celle de William Harvey et celle de Antoine Lavoisier, une autre révolution, et non des moindres, est due à un médecin Grec, Claude Galien. Contre la doctrine aristotélicienne, et conformément aux anticipations, entre autres, d’Hippocrate et de Platon, il établit que c’est le cerveau et non le cœur qui est l’organe de la sensation et du mouvement, et le siège de l’âme. Galien fonde véritablement une filiation ininterrompue de recherches en pneumopathotologie, durant des siècles, dont la pièce fondamentale est la théorie des esprits animaux découronnée et relayée à la fin du XVIIIe siècle par l’électroneurologie.
Quoiqu'il en soit comme psychophysiologie et psychopathologie, la psychologie d’aujourd’hui remonte au IIème siècle.
Une science du sujet
Le déclin de la physique aristotélicienne, au XVIIème siècle, marquera la fin de la psychologie comme science d’un objet naturel. Corrélativement, la naissance de la psychologie comme science de la subjectivité reconnaîtra les vrais responsables de l’avènement de la psychologie moderne, comme science du sujet, que sont les physiciens mécanistes du XVIIème siècle. Si la réalité du monde n’est plus confondue avec le contenu de la perception, si la réalité est obtenue et posée par réduction des illusions, de l’expérience sensible usuelle, le déchet qualitatif de cette expérience engage, du fait qu’il est possible comme falsification du réel, la responsabilité propre de l’esprit. Le sujet de l’expérience, en tant qu’il ne s’identifie pas avec la raison mathématicienne et mécanicienne, devient un instrument de la vérité et une mesure de la réalité.
Cette responsabilité se révèle, aux yeux des physiciens, une culpabilité. La psychologie se constitue donc comme une entreprise permettant de disculper l’esprit. Son projet est celui d’une science qui, face à la physique, explique pourquoi l’esprit est par nature contraint de tromper d’abord la raison relativement à la réalité. La psychologie se fait physique du sens externe, pour rendre compte des contre sens dont la physique mécaniste inculpe l’exercice des sens dans la fonction de connaissance.
Une science de la conscience
La psychologie, science de la subjectivité, commence donc comme psychophysique pour deux raisons. Premièrement, parce qu’elle ne peut pas être moins qu’une physique pour être prise au sérieux par les physiciens. Deuxièmement, parce qu’elle ne doit pas chercher dans une nature, c’est-à-dire dans la structure du corps humain, la raison d’existence des résidus irréels de l’expérience humaine. Mais ce n’est pas là, pour autant, un retour de la conception antique d’une science de l’âme comme branche de la physique.
Parce que la nouvelle physique est un calcul, la psychologie tend à l’imiter. Elle cherchera à déterminer des constantes quantitatives de la sensation et des relations entre ces constantes. Et ce sont René Descartes et Nicolas Malebranche qui, ici, seront à la manœuvre. Descartes proposera de considérer une réduction des différences qualitatives entre données sensorielles en tant qu’elles sont, au sens propre du terme, des informations d’un corps par d’autres corps. Ce qui est informé par les sens externes, c’est un sens interne "la fantaisie", qui n’est en rien autre qu’un corps réel et figuré. Descartes traitera d'ailleurs de ce que Emmanuel Kant appellera la grandeur intensive des sensations : les comparaisons entre lumières, entre sons, ... ne peuvent être converties en rapports exacts que par analogie avec l’étendue du corps figuré.
De plus, Descartes, s’il n’est pas à proprement parler l’inventeur du terme et du concept de réflexe, n'a, néanmoins, pas manqué d'affirmer la constance de la liaison entre l’excitation et la réaction. Une psychologie, entendue comme physique mathématique du sens externe commence avec lui pour aboutir à Gustav Fechner, grâce au concours de physiologistes comme Hermann von Helmholtz, malgré et contre les réserves kantiennes critiquées à leur tour par Johann Friedrich Herbart.
Puis, cette orientation de la psychologie est poursuivie par Wilhelm Wundt et sa psychologie expérimentale, soutenue dans ses travaux par l’espoir de faire apparaître, dans les lois des "faits de conscience", un déterminisme analytique du même type que celui dont la mécanique et la physique laissent espérer à toute science l’universelle validité. Mais la science de la subjectivité ne se réduit pas à l’élaboration d’une physique du sens externe. Elle se propose et se présente comme la science de la conscience de soi ou la science du sens interne.
C’est du XVIIIème siècle que date le terme de ""Psychologie" ayant le sens de science du moi. Quand Descartes considère son "intérieur" pour tâcher de se rendre plus connu et plus familier à lui-même, ce qu'il vise, c'est la "pensée". L’intérieur cartésien, conscience de l’Ego cogito, c’est la connaissance directe que l’âme a d’elle-même, en tant qu’entendement pur. Dans les Méditations, Descartes les nomme "métaphysiques" parce qu’elles prétendent atteindre directement la nature et l’essence du "je pense" dans la saisie immédiate de son existence.
L’intérieur cartésien n’a rien de commun avec le sens interne des aristotéliciens "qui conçoit ses objets intérieurement et au-dedans de la tête" et dont nous savons que Descartes le tient pour un aspect du corps. C’est pourquoi Descartes dit de l’âme qu'elle se connaît directement et plus aisément que le corps, mais l'on ignore trop souvent, de cette affirmation, l’intention polémique. Selon les aristotéliciens, l’âme ne se connait pas directement. La connaissance de l’âme n’est point directe, mais seulement par réflexion. L'âme est semblable à l’œil qui voit tout et ne peut se voir soi-même que par réflexion comme dans un miroir. L’âme ne se voit et ne se connaît que par réflexion et par reconnaissance de ses effets.
Ce qui peut être à appréhender comme la solitude de Descartes, c’était l’ascèse d’un mathématicien. Le "je pense" cartésien fonde la pensée en soi. Toutefois, dans son bureau calfeutré, un certain "Pierre Maine de Biran" découvre que l’analyse psychologique ne consiste pas à simplifier mais à compliquer que le fait psychique primitif n’est pas un élément mais déjà un rapport, et que ce rapport est vécu dans l’effort. Il parvient à deux conclusions inattendues pour un homme dont les fonctions sont d’autorité, c’est-à-dire de commandement : la conscience requiert le conflit d’un pouvoir et d’une résistance. EIle est nécessaire à l’âme d’être incarnée, et donc il n’y a pas de psychologie sans biologie. L’observation de soi ne dispense pas du recours à la physiologie du mouvement volontaire, ni à la pathologie de l’affectivité. La situation de Maine de Biran est unique entre les deux Royer-Collard. Il a dialogué avec le doctrinaire et il a été jugé par le psychiatre. Si Maine de Biran n’avait pas lu et discuté Cabanis (Rapports du physique et du moral de l’homme, 1798), s’il n’avait lu et discuté Bichat (Recherches sur la Vie et la Mort, 1800), l’histoire de la psychologie pathologique l’ignorerait, ce qu’elle ne peut. Le second Royer-Collard, est après Pinel et avec Esquirol, un des fondateurs de l’École française de psychiatrie.
Comme et différents
Philippe Pinel avait plaidé pour l’idée que les aliénés sont à la fois des malades comme les autres ni possédés, ni criminels, et différents des autres. Ils doivent donc être soignés séparément des autres et séparément selon les cas dans des services hospitaliers spécialisés. Pinel a fondé la médecine mentale comme discipline indépendante, à partir de l’isolement thérapeutique des aliènés de Bicêtre comme de la Salpêtrière. Antoine Royer-Collard imite Pinel à la Maison Nationale de Charenton. Il en devient le médecin-chef en 1805, l’année même ou Esquirol soutient sa thèse de médecine. Royer-Collard deviendra professeur de médecine légale à la Faculté de Médecine de Paris puis premier titulaire de la chaire de médecine mentale. Royer-Collard et Esquirol ont eu comme élève Calmeil qui a étudié la paralysie chez les aliénés, Bayle qui a reconnu et isole la paralysie générale et Voisin qui a créé l’étude de l’arriération mentale chez les enfants. Et c’est à la Salpêtrière qu’après Pinel, Esquirol, Lelut, Baillarger et Falret, entre autres, Charcot devient, en 1862, chef d’un service dont les travaux seront suivis par Ribot, Pierre Janet, le Cardinal Mercier et un certain Sigmund Freud.
Nous avions vu la psychopathologie commencer avec Galien et nous la voyons aboutir à Freud. La psychopathologie ne s’est pas développée sans rapport aux autres disciplines psychologiques. Du fait des recherches de Maine de Biran, elle contraint la philosophie à se demander, depuis plus d’un siècle, auquel des deux Royer-Collard elle doit emprunter l’idée qu’il faut se faire de la psychologie. Ainsi la psychopathologie est-elle à la fois juge et partie au débat ininterrompu dont la métaphysique a légué la direction à la psychologie, sans d’ailleurs renoncer à y dire son mot, sur les rapports du physique et du psychique. Ce rapport a été longtemps formulé comme somatopsychique avant de devenir psychosomatique. Ce renversement est le même d’ailleurs que celui qui s’est opéré dans la signification donnée à l’inconscient. Si l’on identifie psychisme et conscience, en s’autorisant de Descartes, qu'elle qu'en soit la raison l’inconscient est d’ordre physique. Si l’on pense que du psychique peut-être inconscient, la psychologie ne se réduit pas à la science de la conscience. Le psychique n’est plus seulement ce qui est caché mais ce qui se cache, ce que l’on cache. Le psychique n’est plus seulement l’intime mais également, en référence à Bossuet, l’abyssal. La psychologie n’est plus seulement la science de l’intimité, mais la science des profondeurs de l’âme (à suivre).
Durée et tarif d'une séance
DURÉE: UNE SÉANCE DURE MAXIMUM 45 MIN
ESPÈCE, CB, VIREMENT BANCAIRE
À PARTIR DE
70€